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En bon futur père, animé d’une volonté sincère de m’investir à fond dans l’éducation de mes enfants, j’ai proactivement demandé à ma blonde de nous inscrire à des cours prénataux.

C’était début juin. Évidemment, j’ai dit à mes chums qu’elle m’avait forcé, et que j’aurais bien mieux aimé passer ma soirée à écouter le 5e match de la finale de la Coupe Stanley avec eux autres. Ça faisait plus « mâle » de même.

Qu’importe, ma blonde nous a donc inscrits à nos deux premiers cours prénataux : « Préparation à l’accouchement » et « Préparation à l’allaitement ».

– Merci d’avoir choisi des trucs dans lesquels je peux participer, ma chérie.

– Qu’est-ce que tu veux dire? Je ne comprends pas.

– Pas besoin de comprendre. Mais pour continuer dans cette foulée d’activités de couple très « inclusives », je vais nous inscrire à deux autres ateliers : « Vins et sushis » et « Football mixte. »

– Arrête mon amour. Tu sauras que le père a un très grand rôle à jouer pour accompagner la mère, tant lors de l’accouchement que pendant la période d’allaitement.

Le rôle du père

Là-dessus, je dois lever mon chapeau à ma blonde, à la prof des cours prénataux et à l’ensemble des femmes qui redoublent d’effort pour nous faire sentir « utiles » – nous les nouveaux pères – lors de ces premiers épisodes de la parentalité pour lesquels la nature ne nous a, malheureusement, doté d’aucune compétence intrinsèque.

« L’homme peut faire une grande différence pendant l’accouchement. Il peut prendre soin de sa conjointe, être présent, attentif, lui tenir la main », nous a expliqué la prof, experte en accompagnement prénatal.

Au début, personnellement, je me sentais comme Jimmy, le petit porteur d’eau du club de hockey bantam à qui on répétait sans cesse qu’il était « membre à part entière » de l’équipe, qu’il avait « un grand rôle à jouer » dans la victoire.

« Le support moral, c’est super important, Jimmy ».

Oui oui, c’est ça.

De belles et moins belles surprises

Cela dit, ces cours prénataux ne servent pas qu’à flatter l’amour-propre des nouveaux pères. Ils nous enseignent également une tonne de trucs.

Par exemple, on nous apprend qu’un bain est à la disposition des mamans qui veulent « relaxer » pendant l’accouchement. Et que les papas peuvent se joindre à elles, si ça leur chante.

Wow! J’ai immédiatement été allumé par ce beau set-up romantique. J’ai pris la cuisse de ma blonde et lui ai lancé mon plus beau regard cochon.

– Écoute don’, chéri, c’t’important.

– Désolé mon amour. Je reste focus. Je reste focus.

La prof a poursuivi son passionnant exposé.

« Oui, il arrive à près de 80 % des femmes de faire caca pendant l’accouchement. C’est quelque chose de tout à fait normal et naturel. »

Mium mium.

Ma blonde m’a pris la cuisse et m’a lancé à son tour son plus beau regard cochon.

– Tu apporteras ton maillot de bain, beau blond.

– Écoute don’, chérie, c’t’important.

Une expérience pertinente, finalement

Entre vous et moi, un gars peut se passer de ces cours de préparation à l’accouchement. J’aurais pu m’en remettre totalement à mon instinct et aux compétences de ma blonde, le jour J. And go with the flow, comme disent les Anglais.

Mais t’sais, comme bien des gars, je partais de loin.

Moi, à 14 ans, je pensais encore que les bébés, ça sortait par les fesses des mesdames. Et il y a deux mois, j’étais encore convaincu – convaincu! – que TOUTES les femmes crevaient leurs eaux AVANT de devoir se rendre à l’hôpital. (Oui, j’aurais pu attendre la flaque d’eau longtemps.)

Bref, j’avais déjà passé des soirées beaucoup moins pertinentes dans ma vie, finalement.

Ne serait-ce que pour savoir à quoi m’attendre lors de cette épopée unique qu’est l’accouchement, ou pour avoir des discussions humainement éclairantes sur mon rôle dans le processus, ce fut une couple d’heures bien investies.

J’y suis retourné la semaine suivante. Et l’autre d’après.

Membre à part entière de l’équipe

« Le support moral, c’est super important, Jimmy ».

Il finissait par y croire, le petit.

Moi aussi, j’y crois maintenant.

Et fiez-vous sur moi, je serai un criss de bon porteur d’eau, à NOTRE accouchement.