C’est dans la nature des hommes, à tort ou à raison, de vouloir garder le plein contrôle de leurs émotions en tout temps. Or, l’arrivée d’un enfant vient souvent chambouler complètement cette gestion émotive. Devenir père, c’est non seulement assumer de nouvelles responsabilités, c’est aussi apprendre à gérer un arc-en-ciel de nouvelles sensations.
Pour éviter que vous soyez pris au dépourvu, futurs pères, je vous révèle ici quelques-unes de ces émotions avec lesquelles tout papa doit être prêt à composer, au cours de son premier mois de paternité.
L’émerveillement
Comme plusieurs, je me suis toujours fait une fierté d’être un homme rationnel, qui s’emballe seulement lors des grandes occasions. Mais depuis la naissance de ma fille, ma vie a basculé. Je m’extasie désormais devant tous les petits gestes qu’elle pose pour la première fois, aussi anodins soient-ils. J’en suis venu à soupçonner l’infirmière de l’hôpital de m’avoir injecté par erreur quelques doses d’ocytocine pendant l’accouchement.
Exemple :
Troisième jour de vie de Marguerite. Je change sa couche souillée de méconium. En bon papa amateur, j’oublie de déposer une couche de rechange pendant que je lave ses foufounes. Évidemment, sans attendre, elle pisse directement sur la table à langer. Puis, elle se met à chier allègrement par-dessus son pipi. Il y en a jusque dans les rideaux de la chambre.
Ma seule réaction : « Mais c’est du beau caca, ça, ma fille! »
Comment peut-on s’émerveiller pour si peu? Je l’ignore. Mais à ce rythme, je crains de faire un arrêt cardiaque le jour où elle apprendra à attacher ses lacets.
Le doute
Ma blonde a insisté pendant des mois, sans succès, pour que je lise le fameux guide Mieux vivre avec son enfant, de l’INSPQ. Par un revirement inattendu de situation, ce livre est aujourd’hui devenu mon meilleur ami. Je le consulte à toute heure du jour et de la nuit, à la recherche de réponses à mes angoisses de père.
Parce que dans les premières semaines de paternité, tout devient une source de doute et de questionnement.
Mon bébé se réveille en sursaut la nuit en levant les bras au ciel. Souffre-t-il d’apnée du sommeil? Mon enfant a des plaques rouges sur la peau. Déjà la varicelle? Ma fille a deux semaines et ne marche pas encore à quatre pattes. On l’envoie chez le physio?
Heureusement, cette période de doute constant s’estompe généralement rapidement. Au bout de quelques jours, un père en vient à la conclusion qu’un bébé qui dort, boit, chie, pleure et prend du poids, c’est un bébé en santé.
La satisfaction
Avant la sortie de l’hôpital, l’équipe médicale nous enseigne les rudiments de base de la parentalité. Je vous résume l’essentiel de ce que j’en ai retenu :
« Un bébé naissant ne pleure jamais sans raison. Il le fait pour exprimer un besoin. Et dans la forte majorité des cas, ce besoin se résume à l’une des trois choses suivantes :
- Il a trop chaud ou trop froid.
- Il a faim.
- Il doit être changé de couche. »
Pour ceux qui, comme moi, aiment les trucs mnémotechniques, je vous suggère de penser à la technique des « trois T ».
- Température.
- Tétons.
- Tas de marde.
Ça aide beaucoup.
Armé de ce conseil (et des deux T de maman), un père est en mesure de faire cesser les pleurs de son enfant dans 95% des cas…et d’ainsi vivre le plus grand sentiment de satisfaction qu’un homme puisse atteindre.
Scorer un but en prolongation, réussir un putt de 30 pieds, claquer un coup de circuit, pêcher un saumon de 40 livres : tout ça n’a plus rien d’extraordinaire comparativement à la fierté ressentie lorsque, pour la première fois, vous arrivez à endormir votre bébé dans vos bras et à le déposer dans son lit…sans qu’il ouvre l’œil. (Okay, j’exagère un peu, mais à peine.)
Le sentiment d’impuissance
La technique des trois T sauve des vies, mais elle vient avec un sérieux bémol : lorsqu’elle ne fonctionne pas et que votre bébé demeure inconsolable, la satisfaction se transforme rapidement en profond sentiment d’impuissance.
Vous aimeriez parfois être capable d’ignorer ses pleurs et de retourner simplement vous coucher, mais malheureusement, vous ne pouvez oublier cette phrase qui vous tiraille de l’intérieur: « Un bébé naissant ne pleure jamais sans raison. » Pas facile, apprendre à vivre avec un cœur de père…
Pour atténuer votre désarroi, il est recommandé de faire comme tout le monde et de vous dire :
« Cet enfant a des coliques…Ce sont certainement des coliques…On ne peut pas y faire grand-chose. Ça va passer, ce sont des coliques… »
À force de se le répéter, on finit par y croire.